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Suisse : maintien des privilèges des Eglises malgré la sécularisation de la société

Augmentation du nombre de citoyens non-croyants

Le rapport de l’Office fédéral de la statistique en Suisse du 13 juin 2023 sur la thématique des questions et de l’évolution des croyances et comportements religieux indique encore, au grand regret des églises dominantes, une tendance profonde à l’augmentation du nombre de personnes se déclarant non-croyantes et sans confession en Suisse. En regard de ces données récentes, le comité de l’Association suisse de la Libre pensée et en particulier sa section francophone, la Libre Pensée romande, ont fait un communiqué conjoint aux media suisses.

Ce communiqué de positionnement de nature politique présente le point de vue de la Libre-Pensée suisse sur la réalité des différentes et multiples formes de discriminations sociales, morales, financières et d’emprises clandestines prosélytes toujours en cours, à l’encontre des non-croyants, par l’octroi de très nombreuses subventions aux deux églises dominantes. Discriminations induites au travers de bases légales constitutionnelles et concordataires des cantons, pour l’accompagnement de l’ensemble des populations en matière morale et psychosociale.

Des privilèges financiers pour les Eglises

Les constitutions cantonales suisses (sauf le canton de Genève et partiellement celui de Neuchâtel) privilégient encore les églises dominantes, au détriment des non-croyant-e-s et leurs associations représentatives. Les églises dominantes sont les seules entités d’intérêt public et moral reconnues pour les besoins en matière morale ou spirituelle de la population des cantons !

Rappelons qu’en Suisse, par le fédéralisme et le principe de subsidiarité politique régionale, ces derniers sont des entités souveraines en matière religieuse, qui disposent de leur gouvernement, de leur administration et de leur parlement. Ces derniers légifèrent par eux-mêmes sur l’octroi de ces subsides, via les impôts, permettant notamment, abusivement de notre point de vue de la Libre-Pensée, de payer les salaires des agent-e-s des cultes, des programmes d’accompagnement de la jeunesse, l’assistance spirituelle en milieu de vie collectif par les agent-e-s des Eglises, le fonctionnement des aumôneries militaires et universitaires, sans en octroyer l’équivalent ou des contreparties aux associations et leurs représentant-e-s  laïques ou de convictions philosophiques non religieuses !

La Libre pensée suisse se devait donc de réagir de manière tranchée dans ce contexte de nouvelles données statistiques et d’inertie et de déni des élu-e-s politiques sur ces questions. Ce communiqué prend aussi en compte une projection par régression linéaire prévoyant que les personnes non-croyantes seront plus nombreuses que les personnes affiliées aux religions dominantes en Suisse en 2032.

Prosélytisme rampant

Nous interprétons par ailleurs les diverses offres « sociales et culturelles » toutes récentes des églises dominantes en Suisse comme de nouveaux « produits » marketing orientés vers l’assistance psychosociale et culturelle à l’ensemble de la population suisse. Par exemple, de nouveaux services d’appui dont elles auraient l’expertise de première ligne pour les crises psychiques, pour l’encadrements psychosocial de mouvements de jeunesse, pour des offres d’écoutes morales et mains tendues tous azimuts, pour le développement de cours obligatoires de sciences des religions dans le nouveau programme de fin de formation des élèves des lycées et gymnases suisses…

Nous considérons toutes ces offres officielles des églises dominantes, faites par voie de presse, comme des tentatives clandestines de récupération et de reprise en main face à leur perte d’influence auprès des population.  

La vigilance de la Libre Pensée et des mouvements laïques en Suisse n’en est qu’exacerbée, dans un contexte où il s’agit de faire face à un rapport de forces largement asymétriques et ceci sur de très nombreux plans, face aux églises dominantes, très puissamment structurées et lobbyistes en Suisse, et largement subventionnée par les pouvoirs publics par des bases légales anachroniques.   

La Libre Pensée Suisse et romande.