L’Eglise réformée évangélique de Neuchâtel a décidé le 25 janvier de restreindre exclusivement l’usage des temples aux activités religieuses et aux manifestations culturelles, publiques et politiques. Il était de coutume que les temples soient prêtés et laissent la place à des cérémonies laïques accompagnant des mariages ou des décès.
des privilèges pour les confessions chrétiennes…
Cette décision prend place dans une république (la République et Canton de Neuchâtel) dont le premier article de la Constitution mentionne qu’elle est démocratique, laïque, sociale et garante des droits fondamentaux.
Ce qui peut surprendre, c’est que cette même constitution reconnaît l’Eglise réformée évangélique, l’Eglise catholique romaine et l’Eglise catholique chrétienne du canton de Neuchâtel comme « des institutions d’intérêt public représentant les traditions chrétiennes du pays ». Cette reconnaissance se fonde sur des services rendus à la collectivité (dans les domaines du service social, des aumôneries et de la formation des enfants, des adolescents et des adultes ) qui justifient aussi une participation financière de l’Etat ou des communes et une exemption d’impôts sur les biens affectés à leurs activités religieuses et à ces mêmes services rendus à la collectivité. Enfin, la constitution permet aussi à l’Etat de passer avec les Eglises reconnues un concordat dont l’entrée en matière consiste à octroyer une somme forfaitaire de 1.5 millions de francs suisses par an. Le partage des lieux de culte avec les laïques était vu comme une contrepartie à ces nombreux avantages.
C’est dans ce contexte que prend place la décision du conseil du Synode, l’organe dirigeant de l’Eglise réformée. Le partage des lieux de célébrations avec les laïques étant maintenant interdit, il semble qu’il ne reste plus grand-chose de la laïcité de façade de Neuchâtel.
…alors que la pratique religieuse baisse
La Libre Pensée romande, association représentant les laïques de la partie francophone de la confédération a réagi en adressant aux présidents du Grand Conseil et du Conseil d’Etat de Neuchâtel une lettre demandant de désavouer cette décision.
Il est important que dans une république laïque, l’Etat ne cède pas davantage de terrain aux Eglises. L’Etat de Neuchâtel est probablement le canton le moins religieux de toute la Suisse avec, selon les études de l’Office Fédéral de la Statistique datant de 2021, 51.7 % de la population qui se déclare sans appartenances religieuse. Ce chiffre est en augmentation à chaque nouveau relevé statistique et montre une tendance grandissante des sorties d’Eglises.
Pour la Libre Pensée romande, cette situation doit faire place à moins d’importance et de privilèges pour les Eglises. L’usufruit exclusif des temples à ses membres accentue au contraire ce caractère de privilège et le déséquilibre entre les croyants et non croyants. Cette situation est intolérable dans une république laïque qui doit garantir l’égalité entre tous ses citoyens.
une attitude agressive des eglises
En outre, cette situation résulte d’une attitude agressive qui tente de mettre au pied du mur les familles qui désirent bénéficier de lieux de célébrations pour des cérémonies laïques. L’Etat n’a effectivement pas mis à disposition du public, hormis les temples, d’autres lieux prestigieux qui permettent d’accueillir les événements importants de la vie des familles.
L’association attend maintenant une réaction des politiques en vue de corriger ce faux pas des représentants des Eglises Evangéliques Réformées du canton de Neuchâtel.