Le Jour de Darwin, Darwin’s day, le 12 février, jour de la naissance de Charles Darwin en 1809, mobilise scientifiques et militants pour de nombreuses initiatives en faveur de l’éducation aux sciences, de la présentation de la théorie de l’évolution et de la lutte contre l’obscurantisme créationniste.
Un bon nombre des initiatives mises en œuvre dans les pays anglo-saxons sont répertoriées sur le site darwinday. En France, depuis 2007, la Ligue de l’enseignement suit l’événement, en général en partenariat avec l’Institut Charles Darwin International, dirigé par Patrick Tort. L’ICDI est affilié à la Fédération du Tarn de la Ligue française de l’enseignement. Les activités de l’Institut comprennent quatre volets solidaires et complémentaires : publication de l’édition complète, chronologique et savante de l’œuvre de Darwin en français, gestion d’un Centre de documentation de 8.000 volumes, animation de rencontres scientifiques et de formations et propose une exposition Darwin.
C’est peu dire que l’œuvre de Charles Darwin a une grande influence dans le domaine des sciences, biologiques et humaines, comme dans le débat d’idées. Faire connaître les véritables thèses de Darwin n’est pas une mince affaire. Un ouvrage intitulé « Darwin n’est pas celui qu’on croit » de Patrick Tort est paru aux éditions du Cavalier Bleu dans la bien nommée collection « Idées reçues ». Et celles-ci ne manquent pas ! Parmi celles-ci : « L’homme descend du singe ». Darwin n’a jamais bien sûr proféré une telle énormité. Il a démontré que l’Homme et le singe sont cousins dans l’arbre généalogique des êtres vivants. Il n’a pas non plus transposé « le capitalisme dans la nature », ni attribué aux animaux des sentiments humains. Il n’était pas simplement agnostique, mais athée de fait.
Et surtout Darwin n’a rien à voir avec le si mal nommé « darwinisme social » théorisé par Herbert Spencer, fondé sur la notion faussée de « loi du plus fort », ni avec la version de l’eugénisme prônée par Francis Galton, annonciatrice de la folie meurtrière nazie. Il n’était pas raciste, malgré son usage de la notion de « race ». De même, l’usage de la notion tout aussi douteuse de « métis » comme « mélange de races » n’implique pas de mépris. Darwin s’est au contraire résolument engagé par des actes contre les pratiques coloniales et plus encore contre l’esclavage.
Son œuvre complète démontre que l’espèce humaine s’est distinguée des autres espèces animales et a survécu grâce au triomphe tendanciel des instincts sociaux. En assurant la survie des groupes mettant en œuvre de façon globale les instincts sociaux, la sélection naturelle aboutit chez l’Homme à la civilisation. Celle-ci se construit elle-même en abandonnant la sélection naturelle. Cette élimination progressive de l’élimination « naturelle » a été puissamment théorisée par Darwin en 1871 dans son ouvrage « La filiation de l’Homme », complément indispensable de « L’Origine des espèces » de 1859. C’est cette thèse, hautement humaniste, que Patrick Tort a caractérisée comme « effet réversif de l’évolution » dans un livre de référence « L’Effet Darwin » (Editions du Seuil).