Philosophe et économiste, membre actif de la Libre pensée romande en Suisse, André Borowski nous entretient dans cet article de réflexions,… fort de café bien noir, sur la mise en place récente en Suisse romande d’un service d’Intelligence artificielle (IA) pour toutes et tous par l’église catholique-romaine en Suisse. Et ce sous le pseudo IA de « catéGPT ».
UNE IA très catholique?
Des informations des média de cette église en Suisse ont été diffusées ces derniers mois dans la presse francophone laissant entendre les bénéfices majeurs pour le bien commun d’un tel système d’IA orienté, pour objectiver épistémologiquement les réponses existentielles de l’église catholique-romaine aux questions spirituelles. Le caté-GPT sera donc un service “objectif” d’informations et de réponses, sous le sceau de la modernité la plus « aboutie », aux questions des fidèles ou non d’ailleurs, de cette religion.
Ces quelques réflexions et questions d’André Borowski, auteur de l’ouvrage « Considérations sur les pathologies religieuses » publié aux éditions L’Harmattan (Paris, 2021) nous invite à réfléchir à quelques perspectives politiques et épistémologiques de la chose, dans un pays où la Constitution fédérale commence comme on le sait par « Au nom de Dieu tout-puissant », y assignant l’ensemble de sa population, et même ses 32 % de non-croyant-e-s. Parfois jusqu’à 50 % de celle-ci dans les cantons, qui sont souverains pour légiférer en matière religieuse. Certains théologiens suisses de ces cantons, utilisent d’ailleurs l’argument constitutionnel du préambule fédéral suisse, voir des cantons s’il est repris dans leurs constitutions propres sous la forme évoquée plus haut, pour justifier … juridiquement l’objectivité, la légitimité et la nécessité sociale et psychologique, ou spirituelle voir médicale, de l’évangélisation de toutes et tous.
Suisse: des religions privilégiées
Sur le sujet, nous ne pouvons que redire, du point de vue de la Libre Pensée romande, convaincue des grands principes de la laïcité (dans la continuité réflexive et progressiste de l’Appel de Liège en 2019), que la Suisse est aujourd’hui de plus en plus traversée de multiples mises à jour et grands retours, parmi d’autres avatars, de techniques liées à la « modernité épistémologique », en vue de reprendre l’emprise existentielle par les religions sur les consciences par l’évangélisation, qu’elle soit clandestine ou transparente. Car faut-il le rappeler, les non-croyant-e-s du pays, du point de vue de la laïcité, se voient actuellement confronté-e-s aux discours médiatiques d’un grand nombre d’expert-e-s académiques, ou journalistiques, des religions des très puissantes facultés de théologie des Universités suisses, ou de leurs principales organisations caritatives, prétextant par exemple le désinvestissement et la sortie exponentielle des personnes des églises en Suisse, pour étiqueter le comportement de ces dernières « d’anti-social », « d’immoral » ou « d’inexistentiel », … quand même !…, de ces non-croyant-e-s qui refusent de plus en plus de payer les impôts ecclésiastiques en Suisse; impôts obligatoires pour toutes et tous dans la plupart des vingt-six cantons. Ces impôts obligatoires financent légalement les œuvres sociales et les salaires des acteurs des églises (prêtres, pasteur-e-s, aumôneries diverses, délégué-e-s d’accompagnement moral de la jeunesse. etc) au détriment d’autres organisations non confessionnelles répondant aux questions existentielles, morales et sociales .
Non seulement heureuses, voire imbues, de leurs privilèges, les églises se donnent aujourd’hui par les moyens par l’IA de renforcer leurs œuvres d’emprises…
Vous reprendrez donc bien un petit catéGPT, bien tassé et surtout sans sucre et bien noir ?
La Libre Pensée romande, en Suisse.