Pendant de nombreuses années, le principe de laïcité n’a plus été enseigné en France, ce que les associations laïques ne cessaient de déplorer depuis des années, sans être vraiment entendues. Alors que la Constitution française précise que : «La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale » ce principe de séparation des Églises et de l’État s’est brouillé dans les esprits, faute d’apprentissage.
Les conséquences de cette négligence ne se sont pas fait attendre. On a pu constater que des agents du service public, de plus en plus nombreux, ne respectaient plus le principe de neutralité qui leur incombait. Les chefs de service eux-mêmes pouvaient ignorer en quoi consistait la neutralité du service public et ce qu’ils devaient exiger de leurs collaborateurs. Des demandes de toutes sortes liées à des pratiques religieuses sont apparues dans les administrations et les entreprises sans que l’on sache vraiment comment les traiter. Des citoyens sincères sont convaincus que toute expression publique d’une religion est interdite. Des partis politiques xénophobes instrumentalisent le principe de laïcité qu’ils avaient autrefois combattu pour remettre en cause la présence d’immigrés musulmans. Des fondamentalistes religieux profitent de cette confusion pour discréditer la laïcité et la faire passer pour un principe liberticide…
À l’école, se sont multipliées les affirmations identitaires fondées sur l’appartenance religieuse, qui débouchent sur la contestation des contenus de certains enseignements ou au refus de participer à certaines activités comme le sport. Le point culminant a été l’assassinat d’un professeur, Samuel Paty, le 16 octobre 2020 à Conflans-Sainte-Honorine, par un fanatique religieux qui l’accusait d’avoir blasphémé lors d’un cours sur la liberté d’expression où il avait montré des caricatures en exemple. Ce tragique événement a fait l’effet d’un électrochoc auprès des responsables politiques qui ont alors pris la mesure du danger pour la cohésion sociale et les valeurs humanistes et démocratiques de cette absence de pédagogie.
Le gouvernement a depuis pris une série de dispositions dont plusieurs d’ordre pédagogique afin de renforcer la connaissance de la laïcité par tous les acteurs chargés de la respecter ou de la faire respecter, mais aussi par les citoyens en devenir que sont les élèves des écoles, collèges et lycées. En voici quelques exemples.
1. Les personnels chargés des services publics
Un tout nouveau comité interministériel de la laïcité créé dans l’été 2021 a décidé lors de sa première réunion, de mettre en place la formation de tous les agents publics à la laïcité sous quatre ans. Les personnes visées comprennent en particulier tous les personnels de l’Éducation nationale et les professionnels de santé. Sont aussi concernés les associations et fédérations sportives ainsi que les élus des différents territoires.
En particulier, dans l’Éducation nationale, 1000 formateurs supplémentaires sont chargés de renforcer les équipes académiques déjà en place.
2. Les élèves de l’Éducation nationale.
À la rentrée 2021, le ministère de l’Éducation nationale a mis en place une campagne d’affichage intitulé « C’est ça la laïcité » afin de faire connaître les effets positifs concrets du respect de la laïcité sur la liberté de conscience et l’égalité entre les élèves. Il a également publié la quatrième édition du vade-mecum de la laïcité, un recueil de fiches pratiques sur l’application de laïcité, ainsi qu’un Guide républicain comprenant un recueil de textes sur l’idée républicaine et une somme pédagogique, La république à l’école en soutien aux enseignants de toutes les matières, au-delà du simple enseignement moral et civique existant depuis 2013.
Il importera de faire plus tard le bilan de ces mesures afin d’évaluer leur efficacité sur le terrain.
Martine Cerf, EGALE
Yves Durand, les PEP