Les preuves de refoulements illégaux et de mauvais traitements de personnes cherchant refuge dans l’Union européenne par des Etats membres s’accumulent. Ces actes sont contraires aux valeurs d’humanité et de solidarité défendues par le Centre d’action laïque (CAL). Ils sont aussi en violation flagrante de la Convention de Genève sur le droit des réfugiés, de la Convention européenne des droits de l’homme et du droit européen.
A la frontière orientale de l’Union, entre la Pologne et la Biélorussie, sept personnes ont déjà perdu la vie, et les conditions climatiques font craindre davantage de tragédies. Des centaines de personnes, hommes, femmes et enfants, sont renvoyés vers la Biélorussie par les gardes-frontières polonais, condamnés à l’errance dans les forêts et marécages. Ces personnes fuyant la guerre et les persécutions sont victimes d’un jeu politique cynique entre le régime dictatorial biélorusse et le gouvernement polonais, qui se livre à une propagande déshumanisante contre les réfugiés. Ce dernier a en outre déclaré l’état d’exception le long de la frontière, rendant impossible l’accès des journalistes et des organisations humanitaires.
Le travail de la presse est essentiel à la mise au jour de crimes commis aux frontières. Une récente enquête montre qu’en Croatie, des unités paramilitaires, sans insignes ni moyen d’identification, refoulent brutalement des réfugiés. En Grèce également, les refoulements illégaux sont de facto la politique de l’Etat, et les cas de mauvais traitements infligés aux candidats à l’asile par des forces grecques portant l’uniforme, qu’il s’agisse de gardes-frontières ou de militaires, sont nombreux. Ces mauvais traitements sont si fréquents qu’ils ont été qualifiés de « pratique bien ancrée » par Amnesty International. L’agence Frontex est présente et fermerait les yeux sur ces pratiques, voire y participerait, alors qu’elle a l’obligation de respecter la Charte des droits fondamentaux. Son statut précise qu’elle doit prendre des mesures raisonnables pour protéger les personnes des violations des droits humains et de suspendre ou cesser ses activités lorsque de tels actes sont perpétrés.
La Commissaire européenne aux Affaire intérieures a affirmé la nécessité d’enquêter et de sanctionner les violences. C’est un développement positif mais qui reste insuffisant. Il est urgent que le Conseil européen se saisisse de la question lors de sa réunion des 21 et 22 octobre.
Le temps presse : Le gouvernement polonais doit permettre l’accès des humanitaires et d’équipes médicales à la zone frontalière. Les autorités des Etats membres concernés doivent cesser la pratique illégale des refoulements (« push-back ») et les violences contre les demandeurs d’asile. Il est crucial pour l’Union de respecter et de veiller au respect de ses valeurs et de ses obligations internationales.