Par la Libre-Pensée romande (Suisse)
mussolini, docteur honoris causa de l’Université de lausanne
Si la ville de Lausanne fut à plusieurs reprises le théâtre grandiose, selon certains points de vue de l’histoire, de la préparation et de la signature de grands traités internationaux de paix, l’Université de son canton est aussi associée à l’attribution troublante et malheureuse d’un vrai Doctorat Honoris Causa (DHC) à Benito Mussolini en 1937 !
Se tenant à l’écart du monde à sa façon, en ces temps très troublés qui aboutiront à la seconde guerre mondiale, la Suisse et quelques-uns de ses cantons furent confrontés aux sympathies pro-fascistes d’une partie de leurs élites de tous bords et d’une partie de leurs populations. Cette affection se manifestera par encore par d’autres événements dans le champ public avant la seconde guerre mondiale.
Et oui, cela se sait peu, ici le temps et l’oubli réalisent comme partout leur œuvre, mais Mussolini a bien été honoré d’un DHC à l’Université de Lausanne pour ses « contributions originales » (sic) à la pensée sur l’organisation et l’ordre social ! Attribuerait-on encore en Suisse et à Lausanne aujourd’hui un tel titre honorifique à ce type de personnage ? Rien n’est moins sûr et c’est tant mieux !
Un colloque pour faire face à cette aberration
Après des requêtes périodiques par diverses forces vives et critiques pendant ces cinquante dernières années pour reprendre la question, dont la dernière manifestation remonte à 2020, l’Université de Lausanne organisera un colloque à caractère international sur le sujet. Car évidemment cette réalité historique n’est pas une simple bévue sans importance, mais bien un très mauvais épisode de l’histoire académique, suisse, internationale et européenne. Cette attribution honorant un petit personnage dont les théories enclencheront des affres mondiales, avec d’autres personnages tout aussi malfaisants dans les alliances des forces de l’axe de l’époque. D’autres Universités, comme celle de Bruxelles en 1941, fermeront temporairement leurs portes pour ne pas avoir à se conformer à la tutelle de l’occupant nazi.
Les cendres nauséabondes de ces abjections et de ces théories totalitaires sont toujours latentes. Elles auraient même tendance peut-être à se raviver, avec le retour d’actes et d’idées propagées pour organiser les sociétés et ce sous l’emprise d’« hommes forts », imbus de leurs penchants narcissiques et visant de fait à terme, consciemment ou non, la destruction des démocraties sous leur férule idéologique exclusive.
Dès lors, la Libre Pensée romande, dans ses liens de réseaux avec diverses associations européennes reconnues officiellement auprès des institutions européennes, lance un appel pour que des chercheur-e-s d’Universités européennes, historien-ne-s, politologues et autres scientifiques des sciences sociales, d’éthique et de philosophie, mais aussi des personnalités critiques et lucides de l’histoire du monde comme de son avenir, s’inscrivent et s’associent à ce colloque, les 7 et 8 novembre 2024 à Lausanne.
La Libre Pensée romande encourage d’autant plus ces présences que l’un de ses anciens membres, Claude Cantini, très âgé aujourd’hui et profitant d’une retraite bien méritée, membre de l’ancienne section cantonale vaudoise de la Libre pensée en Suisse, aura été l’un des pourfendeurs publics de ce Doctorat Honoris Causa, et ce dès les années 1970 et 1980 au travers de ses publications de qualité et d’historien autodidacte. Il critiquera avec force ces attitudes pro-fascistes de l’époque en Suisse.
A chacune et à chacun de faire son analyse et son opinion en conscience sur cette réalité historique.
Lien vers le colloque à l’Université de Lausanne début novembre 2024