Le retour du fondamentalisme religieux se traduit notamment par la pression des tenants du créationnisme contre la théorie de l’évolution, et en général contre la méthode scientifique et le libre examen. Il y a cent ans, aux Etats-Unis, le procès Scopes, était une étape marquante de la lutte contre l’obscurantisme.
Le procès Scopes
En 1925 un jeune professeur du Tennessee, John T. Scopes, est traîné en justice pour avoir présenté la théorie scientifique de l’évolution. Deux organisations laïques américaines organisent une commémoration à la mi juillet.
Le « Scope Trial » reste un procès emblématique aux USA, souvent évoqué comme « procès du singe ». En 1925, l’État du Tennessee adopte la loi Butler qui interdit aux professeurs de l’enseignement public d’évoquer toute théorie qui nie l’histoire de la création divine de l’homme, telle qu’elle est enseignée dans la Bible. C’est la théorie scientifique de l’évolution, qui se déploie à partir des travaux de Charles Darwin (caricaturé en singe par ses adversaires) , qui est visée. Plusieurs Etats du Sud, la « Bible belt » ont repris cette loi. La frange la plus rétrograde du christianisme se revendique « créationniste » et mobilise sur ce thème. D’autres chrétiens, parfois fort subtils comme Pierre Teilhard de Chardin, tenteront de lire « la création dans l’évolution ».
En 1925, aux USA, c’est l’American Civil Liberties Union (ACLU) qui s’insurge contre le Butler Act. Elle parvient à trouver un professeur (grâce à une petite annonce !) qui revendique d’enseigner la théorie scientifique de l’évolution. Il s’agit de John T. Scopes, âgé de 24 ans, résidant à Dayton dans le Tennessee. La stratégie consiste à déclencher une procédure judiciaire et d’aller jusqu’à la Cour suprême qui devrait déclarer le Butler Act non constitutionnel. Le premier amendement de la Constitution assurant une authentique liberté d’expression. Le procès et ses suites auront un retentissement immense.
La vigilance des associations laïques…
La Freedom From Religion Foundation (FFRF) et le Center for Inquiry sont deux des plus importantes organisations laïques américaines. Elles organisent ensemble un colloque commémoratif du Scopes Trial du 18 au 20 juillet à Chattanooga, dans le Tennessee. Ce colloque explore l’histoire du procès et son impact durable sur la science, l’éducation et le droit. Les conférenciers traient de la biologie évolutive, du droit et de l’histoire. Une visite du site du célèbre procès, l’historique Rhea County Court House à Dayton, est prévue On y trouve notamment la statue de Clarence Darrow, avocat de JT Scopes, créée par Zenos Frudakis et installée par la FFRF il y a plusieurs années.
La FFRF a pour objectif de promouvoir le principe constitutionnel de séparation de l’État et de l’Église et d’éduquer le public sur les questions relatives au « non-théisme ». Elle est la plus grande association américaine de libre-pensée, avec plus de 39 000 libres penseurs : athées, agnostiques et sceptiques de tous horizons. Fondée en 1978 dans le Wisconsin, la FFRF publie un mensuel « Freethought Today » et des livres, multiplie les actions juridiques, soutient les personnes quittant une fonction de ministre du culte, organise des évènements et des concours, s’investit dans des programmes sociaux et éducatifs…
Le Center for Inquiry a été fondé en 1991 par le philosophe athée Paul Kurtz en fusionnant deux associations antérieures. Son Comité d’enquête sceptique (CSI) publie le magazine « Skeptical Inquirer » qui enquête sur les diverses manifestations de paranormal, surnaturel, occultisme… Le Center for Inquiry est organisé en lobby politique à Washington pour défendre la séparation des Eglises et de l’Etat. Le CFI alimente un fonds d’urgence, « Secular rescue », pour aider les réfugiés réprimés par des Etats religieux. Il anime un Institut de recherche, mène une campagne « ScienceSaves » pour promouvoir l’esprit scientifique, fournit un programme d’enseignement de l’évolution aux professeurs, décerne un Prix Richard Dawkins…
… contre un obscurantisme toujours présent
La phalange créationniste reste florissante aujourd’hui comme le montre un article de Georges Bringuier, auteur de « Charles Darwin, théoricien de l’évolution, penseur agnostique », Editions L’Harmattan, collection Débats laïques, dans la présente édition. Le Jour de Darwin, Darwin’s day, le 12 février, jour de la naissance de Charles Darwin en 1809 est massivement suivi dans les pays anglo-saxons. Le Jour de Darwin mobilise scientifiques et militants pour de nombreuses initiatives en faveur de l’éducation aux sciences, de la présentation de la théorie de l’évolution. Soyons prêts pour le prochain en février 2026 !