Les rapporteurs spéciaux de l’ONU Karima Bennoune (droits culturels) et Ahmed Shaheed (liberté de religion ou de conviction) ont rendu hommage à Samuel Paty, un enseignant français assassiné par un fanatique islamiste le 16 octobre 2020.
Samuel Paty a été décapité suite à une campagne sur les réseaux sociaux fondée sur des récits déformés concernant ses efforts pour enseigner la liberté d’expression à l’aide de caricatures. Cet acte atroce a été un choc énorme pour tous les enseignants et les citoyens attachés aux libertés.
Les experts de l’ONU ont déclaré que « son assassinat était une attaque contre les droits culturels, la liberté d’expression, la liberté académique et la liberté de religion ou de conviction, ainsi que son propre droit à la vie « .
« Son meurtre a eu lieu dans un contexte d’attaques croissantes contre la séparation de la religion et de l’État, déclenchées en particulier par des acteurs fondamentalistes de la société civile (…) ; les meilleures moyens d’honorer la mémoire de M. Paty consistent à défendre précisément ces droits humains, à lutter contre le fondamentalisme, à respecter le pluralisme, et à garantir la sécurité de ceux et celles qui encouragent un débat académique réfléchi à ces fins».
Les experts ont exprimé leur solidarité «avec la famille de M. Paty et ses collègues enseignant(e)s qui poursuivent son œuvre en promouvant l’enseignement des droits humains et la pensée critique, notamment par le recours à la culture, y compris sur des sujets jugés controversés ou liés à la religion ou la conviction.»
Ils ont rendu également hommage à d’autres personnes qui ont été victimes du fondamentalisme religieux cette année, comme le chanteur afghan Fawad Andarabi, qui a été assassiné par des talibans le 28 septembre, peu après qu’un porte-parole des talibans ait déclaré que «la musique est interdite dans l’islam. »
Les experts ont également déclaré qu’il est essentiel « de lutter efficacement contre les idéologies fondamentalistes et extrémistes telles que celles qui ont motivé leurs meurtres, conformément aux normes internationales. Les États doivent reconnaître et soutenir le rôle positif du débat et de la dissidence à travers les expressions culturelles et créatives, et protéger ceux qui s’y adonnent ».
« M. Paty voulait utiliser la culture pour enseigner les droits humains, même si cela était difficile et dangereux (…) Sa voix a peut-être été réduite au silence, mais ses convictions devraient continuer à nous inciter à redoubler d’efforts au niveau international pour créer et préserver des espaces d’expression et de débat. Ce sont des composantes essentielles de la vie culturelle et qui font partie des efforts de promotion des droits humains en particulier dans un contexte de diversité croissante. »