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La voix du mouvement laïque européen a porté au Parlement de Strasbourg contre l’extrême-droite.

La conférence inaugurale du réseau laïque européen a eu lieu ce mardi 8 juillet au Parlement européen à Strasbourg.

Les débats, sous les auspices de la députée européenne Estelle Ceulemans et Véronique de Keyser, présidente du RLE, portaient sur la montée de l’extrême-droite en Europe et les dangers pour les droits et libertés, devant un public de 80 personnes, en salle et en ligne. De nombreuses associations membres étaient représentées : le CAL, Egale, l’UAAR…

L’extrême-droite au Parlement

Après quelques mots d’introduction de Véronique de Keyser sur le Réseau Laïque Européen, Estelle Ceulemans a dressé un sombre tableau de la situation au Parlement européen. Les députés d’extrême-droite y représentent un quart des sièges, un chiffre sans précédent, qui serait encore gérable s’il y avait un cordon sanitaire. Cependant, on assiste depuis le début de cette législature à un rapprochement entre la droite modérée du PPE et les trois groupes parlementaires de la droite extrême. Il n’y a que dans la Commission des affaires sociales qu’un cordon sanitaire a été mis en place.

Puis Véronique de Keyser a souligné les dangers de la situation actuelle, avec une extrême-droite qui a réussi à accéder au pouvoir dans un certain nombre de pays européens de manière démocratique.

La « démocratie chrétienne » d’Orban: un régime théocratique

Le premier orateur, Gáspár Békés, de l’Association Hongroise des Athées, a retracé l’histoire des relations Etat-Eglises en Hongrie après la chute du régime communiste, qui, depuis l’instauration du régime illibéral de Viktor Orban à partir de 2010, a mené à une véritable alliance. Le gouvernement actuel soutient largement les Eglises financièrement, leur a donné une place hégémonique dans l’éducation, protège leurs dignitaires, et marginalise, voire harcèle, les voix les plus critiques. Il appelle à créer un front uni des laïques et des groupes confessionnels progressistes qui partagent les principes d’égalité, de justice et de démocratie, pour créer une société laïque fondée sur la séparation des Eglises et de l’Etat. Nous devons collectivement réaliser que l’avenir de l’Europe est laïque.

Espagne: pressions sur la justice

Ensuite, Mariano Reaño Lambea, avocat et membre d’Europa Laica (Espagne) a porté son propos sur les rapports entre l’extrême-droite et la justice en Espagne, entre influence et instrumentalisation. Pour lui, des dispositions législatives permettent de réprimer des propos contestataires envers l’Etat et la Couronne, que certains juges appliquent sévèrement. Il a également évoqué les difficultés rencontrées par Europa Laica dans ses actions en justice visant à faire appliquer la loi, contre certaines dérives des autorités en faveur de l’Eglise catholique.

Contre les discours de haine, pour le débat libre

Le dernier orateur, qui s’est exprimé par visioconférence, Joan-Francesc Pont Clemente, Président de la Fondation Ferrer i Guardia, de Barcelone, a présenté son analyse de la manipulation du discours de haine, de l’extrême droite et des politiques d’annulation. Il a ensuite lancé des pistes pour combattre les discours de haine tout en créant les conditions pour un débat apaisé et en évitant la censure des voix dissidentes.

L’urgence de la lutte

La discussion a été nourrie par les nombreuses remarques et questions venant du public, tant présent dans la salle qu’en ligne. Pendant la discussion, ont été abordés la nécessité d’alerter sur les dangers concrets posés par l’extrême-droite, car elle paraît encore abstraite pour beaucoup de gens ; la responsabilité politique de combattre le déclassement économique et social, terreau du vote extrémiste ; l’affirmation de la laïcité en Europe…

Un accord général sur l’urgence de développer des solutions concrètes contre la montée de l’extrême-droite s’est dégagé, résumé en conclusion par l’appel d’Estelle Ceulemans à la combattre de manière résolue, car nous aussi n’avons presque plus rien à perdre.