Le 4 décembre, la COMECE (Commission des épiscopats de l’Union européenne) a demandé la nomination d’un coordinateur de l’UE pour la lutte contre la haine anti-chrétienne lors d’une conférence au Parlement européen.
Le représentant de la COMECE a fondé cette demande sur ” le droit à la liberté de religion, ainsi que sur les dispositions visant à lutter contre la discrimination fondée sur la religion “, et a fait référence aux coordinateurs déjà existants contre l’antisémitisme et la haine anti-musulmane.
Nous pensons que cette affirmation et sa justification sont profondément erronées et nous demandons qu’elles soient rejetées.
Tout d’abord, la COMECE confond deux notions bien distinctes : la protection du droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion (abusivement réduite à la ” liberté de religion “) d’une part, et la lutte contre le racisme d’autre part. L’antisémitisme et la haine anti-musulmane sont des formes de racisme. La COMECE veut avoir un coordinateur pour protéger la religion, ce qui est tout à fait différent.
Deuxièmement, l’affirmation de la COMECE est basée sur un rapport d’une petite association, l'”Observatoire sur l’intolérance et la discrimination envers les chrétiens en Europe (OIDAC)”, alors que l’antisémitisme et la haine anti-musulmane sont surveillés par l’Agence des droits fondamentaux. De plus, la méthodologie des rapports de l’OIDAC n’est pas rigoureuse et ses conclusions doivent donc être traitées avec le plus grand scepticisme.
Troisièmement, le champ d’application de la définition de la “discrimination anti-chrétienne” revendiquée par l’OIDAC, et approuvée par la COMECE, est extrêmement large et peut interférer avec les droits et libertés d’autres personnes, en particulier les femmes et les personnes LGBT+. En effet, le rapport cite l’inclusion de l’interruption de grossesse dans les programmes d’études médicales de certains États membres comme une “discrimination”. Il s’agit d’une tentative subreptice de saper les droits fondamentaux des femmes, tels qu’ils sont reconnus par le droit international et promus par le Parlement européen.
Enfin, nous, les laïques, sommes fermement attachés à l’universalité et à l’unité des droits de l’homme. A une époque de division et de polarisation croissantes, nous pensons qu’il n’est pas adéquat de créer une position consacrée à une foi religieuse spécifique. De nombreuses autres confessions religieuses et convictions philosophiques revendiqueraient la même position pour elles-mêmes. Cela ne peut que conduire à une fragmentation et à une division accrues, et à menacer les droits et libertés qui sont notre bien commun.